Par Amy Éloïse Mailloux
Depuis le 18 février dernier est présenté, au Musée McCord, le résultat d’une résidence de l’artiste Nadia Myre. Decolonial Gestures or Doing it Wrong? Refaire le chemin est une installation[i]portant sur l’appropriation de symboles autochtones par la population occidentale au XIXe siècle et leur réappropriation contemporaine par l’artiste. J’ai eu l’occasion de visiter l’exposition avec Guislaine Lemay, conservatrice des volets ethnologie et archéologie du musée. Compte-rendu de cette visite enrichissante.
Réappropriation
Pour réaliser ses quatre œuvres, l’artiste algonquine s’est basée sur des livres de demoiselles. Ces ouvrages, destinés aux bourgeoises blanches, regorgent de recettes, partitions musicales, images de mode, etc. On y retrouve aussi des patrons pour la fabrication d’objets décoratifs, dont beaucoup sont inspirés de la culture autochtone et des techniques d’artisanat lui étant propres. Déjà à l’époque, les auteurs de ces patrons n’hésitaient pas à s’approprier des objets d’une autre culture pour les adapter au goût occidental de l’exotisme, si populaire en cette fin du XIXe siècle.
Fait intéressant, Mme Lemay me disait soupçonner que les femmes autochtones avaient accès à ces livres via des missionnaires, entre autres. Il semble donc que ces femmes elles-mêmes fabriquaient ces objets modifiés aux goûts bourgeois, simplement pour les vendre.
Cependant, plus d’un siècle après, Myre répète l’acte d’appropriation en réalisant sa propre interprétation de ces patrons colonialistes. Son processus est le suivant : quelqu’un lui lit les instructions de patrons sélectionnés, en omettant tout mot référant à l’objet en question [iii] . À partir de ces enregistrements, l’artiste réinvente les objets décrits, se fiant à sa connaissance des peuples autochtones, dont elle est elle-même issue.